MARDI 15 OCTOBRE

Retour à Fianarantsoa. 6 heures de route, encore… J’en fais une partie au volant et Narcisse, suprème compliment, s’endort quasiment ! Il dit après ma session que je conduis « sara be ! ». Je lui demande « Sara, sara sara ou sara be ? » (bien, couci couça ou très bien ?). « Sara be ! ». Heureusement quand même qu’il me signale parfois par un imperceptible mouvement de la main de ralentir l’allure avant certains virages, parce que certains sont très raides et jamais signalés. Nous verrons cette fois-ci encore, au moins deux camions qui en ont fait les frais !

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Avant de partir, comme à notre habitude (et oui, je suis là depuis un mois, et j’ai déjà des habitudes !), nous mangeons dans une gargote. Pas très raisonnable quand on pense aux lacets qui nous attendent, mais bon, je m’envoie quand même une super bonne soupe chinoise au gingembre… ça tourne ça tourne ça tourne. Sammy vomit. Moi, je résiste. Mal m’en prend, car finalement, je vomis toute la nuit ! C’est mon premier incident gastrique, et je sais très bien à quoi il est dû… Pour me faire plaisir en tant que végétarienne, (parce qu’ici, ça fait plaisir, les végétariens… Au restau, on me dit « Aaah, végétarienne ! » avec un grand sourire admiratif, comme on dirait « aaah, Cosmonaute ! »), on me sert souvent des œufs. Ce qui fait que présentement, j’ai mangé deux œufs dimanche soir avec mes légumes sautés au cours de mon désormais traditionnel repas familial dominical dans la famille de Sammy, deux œufs lundi matin au petit déjeuner avec nos invités, cousin et « dada Be » (Grand-père) de Sammy, et un œuf à midi dans ma soupe chinoise… ce qui fait pas moins de cinq œufs en l’espace de dix-huit heures… inconscience que me fera payer chèrement mon estomac et leur allié, mes intestins. Du coup aujourd’hui je n’ai rien avalé. Je ne sais plus quoi manger. Je ne supporte plus le gout du riz des gargotes (gonflé au bicarbonate et passé au sur-eau, c’est-à-dire à la javel), ni les beignets luisants d’huile de palme, ni les soupes de riz ou de pâtes que je soupçonne de baigner dans le gras de zébu, pas plus que les sauces sucrées qui accompagnent les achar (salades). Après un mois à tout avaler sans me poser de question, et sans l’ombre d’un souci gastrique, là, je sature et ne sais plus quoi manger…  J’ai envie d’une bonne tranche de pain bien noir, avec mes tomates !

EcoleFianarantsoa

A Fianar, je passe la journée avec les deux instituteurs, monsieur NDimby, soixante-cinq ans et la moustache impeccable, et Pascal, son petit suppléant, qu’il forme depuis quatre ans. Je suis assise au fond de cette petite classe, avec Sammy qui me traduit ce qui se dit,

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et j’assiste, impassible et torturée, à trois heures de cours pendant lesquels les enfants ne seront actifs que le temps de la récréation….

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Ils apprendront d’abord longuement à faire le signe de croix, puis la prière qu’il faut dire avant de manger, ils répéteront tout ce que dit Pascal, tout sourire, mais inconscient de l’immense ennui de ses petits. Ils passeront UN PAR UN au tableau pour faire un rond, on fera l’appel, et ça durera des heures… Ouh ben ! y’a du boulot. Ça me réconforte un peu, parce que ces derniers jours, je me disais que c’était un peu vain quand même de ne pouvoir accompagner que huit instits, quand il y aurait tant à faire bien au-delà… Ces quarante enfants sont tous issus de famille très pauvres, monoparentales quasi exclusivement. Certains font  km à pied pour venir jusque-là. Une des raisons du succès de cette école est que l’on y sert du riz à midi, 200 repas chaque jour, pour les enfants depuis le préscolaire jusqu’à la terminale. Pascal est un de ceux qui ont bénéficié de cette cantine quand sa famille est arrivée à Fianar en 2008. Quand il a obtenu son bac, sa prof d’anglais, par ailleurs présidente de cette œuvre de charité, l’a embauché comme instit suppléant au vieux monsieur Ndimby…

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En tous cas, avant de manger, je ne sais pas s’il faut faire sa prière, mais il faudrait se laver les mains… Malheureusement, l’installation de Marion tourne à vide pour le moment : plus l’ombre d’un savon (Averell est peut-être passé par là) et comme c’est la sécheresse, plus une goutte d’eau non plus dans les bouteilles….

2 réflexions sur “MARDI 15 OCTOBRE

  1. j’ignorais qu’Averell était malgache !!
    pour la bouffe, mange des trucs crus ou cuits à l’eau (sans javel !) et peu cuisinés ! si tu peux !! pour le bon pain noir, faudra attendre ! mais y’a pas de farine là-bas ? bises
    aline

    • Ben très peu de farine de blé, en fait. la plupart des beignets sont à la farine de riz ou de manioc. La farine de blé complet, c’est dans la boutique chéros pour les vazahas…

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